Édito : La guerre des mondes
Souvenons-nous du roman écrit par H. G. Wells, publié en 1898. C’est l’une des premières œuvres dont le sujet est l’humanité confrontée à un peuple hostile venu d’ailleurs. Nous concernant, la force antagoniste, gravite sur la bordure extérieure de La Défense pour rassasier sa soif d’expansion (acquisition) et trouver de nouvelles richesses, symboles pour elle de grandeur, et, au final, de rétribution personnelle.
Bien que proches géographiquement, ces personnes avides de possession semblent, elles aussi, venir d’un autre monde. Elles n’ont visiblement pas conscience de leurs actes qui mettent les salariés dans des situations inconfortables de par des augmentations salariales bien inférieures à la montée en flèche du coût de la vie (explosion des prix du gaz, de l’essence, de l’électricité, des denrées alimentaires, des matières premières, sans compter la flambée du prix des logements), et ce alors que les bénéfices de l’entreprise sont eux bel et bien présents.
Le monde des « dividendophages » ne tourne définitivement pas rond.
Quel est donc leur intérêt, de maintenir ce blocage et d’entrer en guerre contre ses propres salariés alors que les résultats sont excellents et que nous devons ensemble relever de nouveaux challenges ? D’autant plus, qu’a contrario, ne pas adopter une politique salariale correcte serait source de perte de compétences liées à la perte de motivation et à la perte de sens.
Sens, ô combien nécessaire, dont la quête a été exacerbée par la pandémie que nous venons de vivre. Si celui que s’est donné la sphère financière est de combler l’insatiabilité des actionnaires, dans le monde des salariés il s’agit du sain destin de s’engager dans son travail pour en vivre correctement et de se mobiliser de façon solidaire lorsqu’une menace pèse sur ce principe. La mobilisation historique nationale des salariés de notre Groupe sur la politique salariale en est un exemple flagrant qui ne semble pourtant pas alerter nos dirigeants.
Alors certes, les tensions internationales viennent d’atteindre un point névralgique, ce qui va nécessiter une nouvelle fois d’entrer en résilience. Mais quelle crédibilité accorder à la direction lorsqu’elle demande de la résilience sans partager de façon équilibrée avec ses salariés.
Où est la résilience actionnariale ?
Où est la résilience des gouvernances ?
Si le concept consiste à profiter des crises pour accentuer le profit, si c’est là, la nouvelle vision imaginée par certains et subie par d’autres, alors oui la guerre des mondes se tiendra. Le mythe du bon salarié s’effondrera, suivi probablement par les principes du dialogue social qui s’émietteront.
Rappelons-nous de la fin de l’histoire qui se conclut par la déroute des envahisseurs face aux microbes bien humains contre lesquels ils n’étaient pas immunisés.